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Algérie - Boumerdès : Opération coup-de-poing de la gendarmerie

Boumerdes Il était 22 heures, la température a connu une baisse sensible, il fallait prévoir un vêtement en plus par conséquent, en cette soirée du quatorzième jour du mois sacré.

Après avoir rejoint le siège du commandement de la Gendarmerie nationale une heure plus tôt, et entamer une discussion où tous les sujets furent abordés autour du traditionnel thé, nous rejoignons les Toyota : destination le territoire ouest de la wilaya.

Boumerdès ouest, Corso et Boudouaou cette localité située aux portes de la capitale sera la cible de l'opération coup-de-poing lancée par le commandement de la G.N. de Boumerdès.

Pourquoi cette localité ?

Avons-nous demandé. La commune de Boudouaou reste la plus grande agglomération au niveau de Boumerdès, l'implantation des sites de chalets au lendemain du séisme conjuguée avec l'arrivée de milliers de personnes qui fuirent leur localité, nous explique le capitaine Bouabid notre accompagnateur, qu'il reste difficile de cerner sa composante et ses moeurs, d'où la nécessité de mettre ce territoire sous étroite surveillance pour le bien et la quiétude de ses citoyens.

Nous avons pris place à bord d'une Toyota en compagnie du capitaine qui connaît parfaitement le secteur dans ses moindres recoins.

Nous bifurquons par Corso, cette dernière a connu deux jours auparavant, des affrontements entre des jeunes et les forces de l'ordre dépêchées sur les lieux pour dégager la principale artère que les jeunes ont fermé suite aux incessantes coupures de courant qu'a connues cette localité, empoisonnant les soirées déjà moroses des citoyens de la paisible Corso.

Premier point d'arrêt le barrage fixe de Berrahmoune sur la RN 5. Ce dernier reste selon l'officier sur place l'un des plus importants sur l'axe routier reliant la capitale à l'Est du pays, plus de 120 000 véhicules y transitent quotidiennement, nous fait-on savoir, il a été érigé au début des années 90.

Depuis, il y a eu plusieurs arrestations ainsi que la saisie de drogue et de produits de contrebande. Le sergent-chef sur place nous informa qu'il y a quelques jours, les gendarmes ont remarqué le comportement bizarre d'un automobiliste soumis à la vérification de son véhicule.

Il accoucha de quelques kilos de cannabis, l'individu fut mit immédiatement à la disposition du procureur de la République comme le stipule la loi.

Par ailleurs, c'est au niveau de ce barrage que furent neutralisés deux terroristes qui devaient rejoindre sûrement leurs acolystes à Alger, ajouta le sergent.

La présence de ce barrage est un gage de sécurité pour les automobilistes qui tombent en panne, car les gendarmes sur place leur apportent aide et assistance. Des fois, des personnes à cours d'argent sollicitent les gendarmes afin de les aider à trouver une âme charitable, qui leur permettra d'embarquer vers leurs destination, nous explique un gendarme.

Pour ce début de soirée ramadhanesque RAS, les hommes qui viennent de remplacer leurs collègues n'ont pas eu le temps nécessaire de profiter de l'après-ftour, devoir oblige.

Le talkie-walkie du capitaine ne cesse de lancer des messages, les tango alpha et autres identificatifs reviennent en boucle, Bouabid dira que ce sont les différentes patrouilles qui sollicitent le fichier central pour les identifications de routine précisant que c'est ce travail sans relâche qui permet de tomber sur des personnes qui se trouvent sous des avis de recherche.

Un accident est signalé sur la voie rapide dans le sens de Constantine, la Toyota s'ébranla suivi des autres véhicules dont le fameux blindé pneumatique qui a permis de sauver des vies de gendarmes lors des attentats terroristes les ayant ciblés.

Sur place, deux Subaru des BSR (brigade de sécurité routière) les gendarmes de cette unité ont déjà dégagé la voie afin d'éviter d'autres accidents, l'arrivée de notre cortège intrigua les occupants du camion qui a percuté un véhicule léger par l'arrière.

Le chauffeur dira que c'est la faute à l'autre conducteur qui a freiné juste devant lui, le choc était inévitable heureusement sans gravité, tans pis pour la tôle «el matériel Makhloof», lança résigné le conducteur du léger.

Les deux parties entamèrent le constat à l'amiable pour reprendre quelques minutes plus tard leur destination initiale. A 22h47, nous entrons dans le faubourg de Hlamia, jadis il n'existait qu'une poignée de maisons, au début des années 90 des centaines de familles fuyant le terrorisme y trouvèrent refuge les terrains tous propriétés privées furent cédés comme des petits pains.

Aujourd'hui, c'est vingt fois plus cher et les meilleurs endroits donnant sur la route reliant Boudouaou à Khemis El-Kechna et Ouled Moussa, sont encore plus chers.

Hlamia brasse des centaines de millions quotidiennement, un millier de grossistes y est installé sans pour autant apporter la richesse à la commune de Boudouaou, les routes restent défoncées aucun aménagement n'a été opéré par les propriétaires des lieux, des tonnes de détritus jonchent la ruelle principale sur plus de 6 km, à la moindre petite levée de vent, ce sont des tornades de sachets qui vous accueillent.

A ce décors agressant est venu se greffer, selon un gendarme, les saisonniers des pastèques et melons qui, eux aussi, participent à la dégradation du paysage en laissant sur place leur produit pourri.

C'est dans ce climat que les gendarmes travaillent quotidiennement avec tous les risques car, ajoute notre gendarme, dans cette décharge et c'en est une, ce sont des endroits propices pour y déposer n'importe quoi. A l'entrée du site des chalets nous mettons pied à terre, le site de Hlamia abrite plus de 800 chalets s'étendant sur des centaines d'hectares.

Pour sécuriser le secteur, les gendarmes prennent position, nous arpentons l'allée principale bordée de quelques «mahchachetes», les jeunes sont plus concernés par une partie de domino que par la présence des gendarmes.

Le capitaine Bouabid nous montra au loin un poteau de haute tension situé à l'intersection des ruelles, le lieu (le poteau) servait de cache pour les transactions de cannabis (chira) «vous payez un dealer et vous allez prendre votre ration, c'est un self-service» plaisante le capitaine, il ajoute que ce manège a été démantelé depuis, suite à l'arrestation de consommateurs qui, pour sauver leut tête, ont dénoncé leur fournisseur, mais le capitaine est sûr que les dealers de la région ont juste changé de place et à ce jeu du chat et de la souris, les services de sécurité sans relâche traquent les contrevenants, tout en déplorant la non implication du citoyen dans cette lutte qui prend des proportions alarmantes au fil des jours.

Vers minuit, le commandant Beldjouher nous rejoint avec son renfort. Nous nous dirigeons vers la sortie ouest de Boudouaou où un barrage inopiné a été installé.

Tony le berger allemand «sent» tout ce qui passe, l'animal a plusieurs exploits à son tableau, grâce à lui des dizaines de caches ont été démantelées. Avec son maître Azzedine, Tony flaire des véhicules à la recherche du moindre gramme de hachisch.

Il existe au niveau de Boumerdès 7 brigades cynophiles qui traquent en plus des trafiquants de drogue, les explosifs puisque, nous fait-on savoir, que Tony et ses congénères participent à la lutte anti-terroriste.

Ils accompagnent leurs maîtres sur les lieux des attentats pour éventuellement débusquer les engins de la mort enfouis.

Le maître et le chien Tony cohabitent depuis déjà trois ans avec des résultats très encourageants. Tony obéit à son maître au moindre regard, c'est une véritable complicité qui s'est installée entre l'animal et l'homme.

Au niveau du barrage, nous prenons l'avis des veilleurs, un homme d'un certain âge avoue que la présence des gendarmes à travers certains axes est très appréciée par les familles qui sortent le soir surtout avec l'approche de l'Aïd où elles doivent faire des emplettes.

Nous revenons vers le commandement vers 1h du matin au moment où des lumières se rallument pour le Shor. Le bilan de cette soirée réconforte Beldjouher et le capitaine Bouabid, c'est une première quinzaine de Ramadan calme. Sur 300 identifications entre véhicules et personnes, aucune arrestation n'a été opérée.

Il faut signaler le cas de ce citoyen qui a été surpris à Corso en état d'ivresse, laissant les hommes du colonel Moussa Mokhtar sans voix.

Synthèse de l'article - Equipe Algerie-Monde.com

D'apres Le Quotidien d'Oran. Par Kamel Daoud . Le 22 Septembre 2008.

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