Plan d’attaque contre la leishmaniose en Algérie
Algérie - La deuxième phase d’aspersion d’insecticide contre le phlébotome, insecte vecteur de la leishmaniose, sera lancée dès samedi prochain.
Selon un communiqué du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière (MSPRH), l’opération d’aspersion sera exécutée par des agents communaux munis de pulvérisateurs d’insecticides qui «doivent pouvoir accéder aux habitations pour protéger l’intérieur et l’extérieur des maisons».
«Afin de faire reculer la leishmaniose dans notre pays et de nous protéger contre cette maladie, facilitons la tâche aux agents communaux en les laissant pénétrer dans nos foyers pour désinfecter l’environnement», a appelé le MSPRH, dans son communiqué, avant de souligner que les produits utilisés «sont d’une grande efficacité» et «sans danger pour l’être humain».
Pour rappel, cette opération s’inscrit dans le cadre de la campagne nationale de lutte contre la leishmaniose, lancée en avril dernier, à partir de la wilaya de Biskra avant d’être généralisée, par la suite, à 12 wilayas des Hauts Plateaux, de la steppe et du Sud. C’est une campagne qui est menée en collaboration avec 6 départements ministériels, à savoir: l’Agriculture, la Santé, l’Intérieur, la Défense, l’Environnement et l’Habitat.
Cette maladie parasitaire est transmise par la piqûre d’un phlébotome (insecte) et les morsures des rats des champs. Maladie incurable, la leishmaniose est d’autant plus grave que ses symptômes n’apparaissent que des mois plus tard après avoir été piqué.
Les phlébotomes sont plus actifs la nuit et volent sans faire de bruit et l’on ne remarque pas toujours les piqûres occasionnées. La leishmaniose, qui a toujours existé dans le sud du pays, se présente sous trois formes: cutanée, cutanée-muqueuse et viscérale. Sous ses deux premières formes, elle laisse des lésions profondes sur le visage qui peuvent conduire à une destruction étendue et défigurante des muqueuses du nez, de la bouche et de la gorge.
Selon les praticiens, la forme viscérale est considérée comme la plus grave, car elle touche les organes nobles de l’homme ou de l’enfant. «Dans la majorité des cas, elle est mortelle chez les enfants âgés de 2 à 5 ans. Le traitement existe pour les deux premières formes, mais il est toxique et nécessite un suivi «sérieux» des malades pour leur éviter d’autres complications.
Le manque d’information des médecins sur cette pathologie explique le fait qu’elle n’est souvent pas dianostiquée à temps. Pour lutter contre cette maladie, les secteurs impliqués ont mis en place une stratégie de «plan d’attaque» contre les vecteurs de transmission, axée sur deux volets: la prévention et le traitement. Outre la sensibilisation de la population sur les dangers des vecteurs de transmission de la leishmaniose, des moyens importants destinés à l’éradication des phlébotomes et des rats des champs ont été mobilisés.
Des quantités importantes d’insecticides, très efficaces et sans danger pour la santé des populations, sont utilisées. En l’absence de vaccin, la seule mesure efficace est l’utilisation de moustiquaires imprégnées de produits qui empêchent les phlébotomes de piquer les personnes.
Cette maladie n’est pas propre à l’Algérie. Elle est endémique en Afrique, en Amérique du Nord et du Sud, en Asie et en Europe. Selon les données de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), 350 millions de personnes sont exposées, chaque année, au risque de la maladie.
Lors d’un séminaire tenu, en juillet dernier, il a été indiqué que le traitement chimique avait couvert, depuis le début de la campagne, quelque 22.800 foyers sur 335.699 prévus au niveau national, soit un taux de 6,8% . Un taux qui demeurait, selon les participants, assez faible par rapport aux objectifs de la campagne, qui est de 80% au terme de cette campagne. 30.227 cas de leishmaniose cutanée ont été enregistrés à travers le pays, un chiffre qui place la wilaya de Biskra en première position, suivie de M’sila puis Batna.
On indiquera, par ailleurs, lors de cette même rencontre, que des cas de leishmaniose ont été enregistrés dans 12 wilayas, dont Alger (8 cas en 2005). Le développement de la mise en valeur agricole ainsi que le développement urbain sont parmi les facteurs qui favorisent la prolifération des rats des champs, agents de transmission de la leishmaniose.
Par H. Barti - Quotidien Oran
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