Liban : Feu vert au Tsahal pour étendre les massacres
Un mois s’est achevé depuis le début, le 12 juillet dernier, de l’expédition punitive israélienne contre le Liban.
Bombardements intensifs des villes et des routes, raids meurtriers contre les civils, embargo imposé sur tous le pays empêchant même l’acheminement des aides humanitaires vers la région du Sud Liban, un quart de la population libanaise forcé à l’errance dans son propre pays... Israël a tout essayé, mais en vain, pour faire fléchir le Hezbollah plus déterminé que jamais.
Sur le plan diplomatique, c’était un mois riche en événements, déclarations, contre-déclarations, condamnations, prises de position mais en fin de compte le Liban n’a eu droit qu’à un «projet» de résolution qui traîne toujours dans les coulisses des «Nations unies».
Les diplomates s’agitent et les missions se relayent à Beyrouth où après Condoleezza Rice, David Welch et Javier Solana sont arrivés, vendredi, pour s’entretenir avec le Premier ministre libanais.
Après le rejet par le Liban d’une première mouture franco-américaine du projet, puisqu’elle ne prévoyait pas de retrait immédiat israélien après une trêve, les diplomates américains et français sont entrés dans une course contre la montre pour faire des retouches sur le canevas de la future résolution.
Les diplomates font état de «progrès» dans la rédaction d’un projet retouché sur un cessez-le-feu alors que du côté libanais le Premier ministre Fouad Siniora a déclaré, hier, après son entretien avec l’émissaire américain David Welch que les discussions avancent «très lentement». «Il y a une avancée, même si elle est lente, centimètre par centimètre», a-t-il affirmé.
Pour tenter d’arracher un amendement au projet, le Liban a annoncé être prêt à envoyer 15.000 soldats reprendre le contrôle du sud du pays, dès le retrait israélien.
Israël, qui essaye de gagner du temps pour permettre à son armée de mettre en place une zone de sécurité jusqu’au fleuve Litani, a lui aussi rejeté, hier, le projet de résolution. Un porte-parole du gouvernement israélien, Avi Pazner, a jugé le projet de résolution «inacceptable en l’état».
Israël souhaite, en effet, voir figurer dans le texte «l’éloignement du Hezbollah du Liban Sud, au delà du fleuve Litani, la libération des deux soldats, le déploiement d’une force internationale disposant de vrais pouvoirs (...) et le désarmement à terme du Hezbollah».
Sur le terrain, le Tsahal se prépare à lancer une offensive terrestre de grande envergure au fond du Liban après avoir reçu le feu vert du gouvernement israélien. Le Tsahal qui va étendre ses opérations qui étaient limitées au Sud Liban et à la banlieue sud de Beyrouth au nord et à l’est du pays, prévoit aussi de frapper Beyrouth qui avait été épargnée jusqu’ici.
Hier, la marine israélienne a bombardé deux relais de la radio d’Etat, au coeur et au nord de Beyrouth, faisant deux blessés. C’est la deuxième fois que Beyrouth même est touchée depuis le 19 juillet.
Les chasseurs-bombardiers ont multiplié les raids dans le nord, sur le plateau du Akkar. Onze personnes qui s’étaient attroupées près d’un pont bombardé ont été tuées dans un second passage. Quinze autres ont été blessées. L’aviation a également frappé dans la plaine de la Bekaa, notamment les routes menant à la Syrie. Au Sud Liban, de violents combats ont fait rage autour de la ville de Khiam où le Tsahal a engagé des colonnes de blindés pour tenter d’encercler la ville considérée, selon les Israéliens, comme place forte du Hezbollah.
Les forces israéliennes ont réussi à progresser de plusieurs kilomètres dans le territoire libanais mais vers la mi-journée d’hier la résistance a mené une contre-offensive et plusieurs blindés ont été détruits. Les combats entre le Hezbollah et l’armée israélienne se sont poursuivis sur d’autres fronts dans la bande frontalière.
A Marjayoun, ville chrétienne située à 10 km au nord-ouest de Khiam, une colonne israélienne a pris le contrôle de la ville après de brefs combats.
Les Israéliens qui ont occupé la caserne de la ville ont décidé d’évacuer la ville de ses habitants et de centaines de soldats et de gendarmes libanais. Marjayoun et sa région avaient été occupées jusqu’en 2000 par Israël. Elle n’avait pas encore été touchée par les combats. Au sud-est de Tyr, de durs combats ont été signalés avec des bombardements aériens, d’artillerie et depuis des vedettes israéliennes.
Hier encore, le Hezbollah a affirmé avoir tué ou blessé une quinzaine d’Israéliens à coup de roquettes près de Aïta Ach-Chaab et détruit un char Merkava dans ce secteur.
Il a aussi affirmé avoir coulé une vedette rapide israélienne qui croisait au sud de Tyr. Aucune confirmation indépendante n’a pu être obtenue après la revendication du Hezbollah, la troisième du genre depuis le déclenchement de l’offensive israélienne au Liban le 12 juillet en riposte à l’enlèvement de deux soldats israéliens sur leur propre territoire.
Par Sofiane M. - Quotidien Oran
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