Parlons foot !
Et si les ambassadeurs d'Algérie et d'Egypte assistaient, côte à côte, à la tribune officielle, à la demi finale Algérie-Egypte? Les joueurs eux, si vous l'avez oublié, se salueront sur le terrain.
Il ne faut pas se le cacher : quel que sera le résultat final du match Algérie-Egypte de jeudi, il laissera des traces durables dans les deux camps, chez les deux peuples.
Deux alternatives se poseront aux deux pays : un divorce douloureux ou une réconciliation définitive qui résistera aux épreuves du temps. A bien y réfléchir, pourquoi la rencontre de jeudi ne serait-elle pas l'occasion de jouer au football, et rien que le football ? Pourquoi ne serait-elle une rencontre sportive qui, comme le dicte l'esprit sportif, sert à magnifier les retrouvailles, à raviver la fraternité et la solidarité ? La compétition sportive n'est pas la guerre. C'est tout le contraire.
Depuis l'origine, depuis Athènes et les jeux d'Olympie, la compétition sportive a été inventée pour contenir l'affrontement et la violence. Qui empêche les ambassadeurs algérien et égyptien accrédités à Luanda (Angola) d'assister à la demi-finale de Dame Coupe d'Afrique, côte à côte dans la tribune officielle, et de féliciter les deux équipes à la fin du match, quel que soit le résultat ?
Le politique, qui envahit le monde du football sans retenue aucune, est-elle capable de se réhabiliter, un minimum, par... le foot ? Parce que les joueurs des deux équipes, eux, se salueront au départ du match et à la fin.
Qu'ils perdent ou qu'ils gagnent, les grands sportifs se congratulent parce qu'ils savent que si le résultat compte, le spectacle qu'ils offrent aux supporters et au reste du monde est tout aussi important. Les Algériens ont plébiscité leur équipe nationale de football comme le premier parti politique algérien. Ils n'ont pas tort, tant les partis politiques déçoivent par leur étroitesse de vue et leur manque de conviction dans les capacités du peuple à bâtir un grand pays.
L'équipe nationale de football leur démontre que c'est possible, dès lors que l'engagement et la foi en une mission sont assimilés et intronisés au plus profond de soi.
Pour tout dire, ce n'est pas la victoire du team algérien sur celui égyptien au Soudan qui a créé le climat malsain et dangereux pour les deux pays. C'est, comme il a été clairement démontré, le pouvoir politique égyptien, relayé par ses serviteurs dans les médias.
A leur corps défendant, les joueurs des deux équipes n'ont fait que jouer au football dans un match décisif. Bien sûr, on sait tout cela, mais la crainte est grande que la rencontre de jeudi ne soit une nouvelle fois utilisée d'abord par le pouvoir égyptien, notamment la famille des Moubarak, pour en finir avec ce qui reste de la relation cordiale avec l'Algérie.
C'est tout le piège que doivent éviter les Algériens, gouvernant, peuple et... médias.
Nous sommes en devoir de garder toute notre lucidité en ces moments d'exceptionnelle ferveur populaire autour du sort de l'équipe nationale de football. Et de grâce, n'allons pas chercher les raisons de la victoire ou de la défaite 1.000 ans en arrière sur qui a fondé Le Caire, ou plus grave encore, qui a fait perdre les guerres de 1967 et 1973 contre Israël ! Comment alors expliquer à nos enfants toutes nos autres défaites, à commencer par celles contre le sous-développement, le régionalisme et notre incapacité à bâtir la moindre des solidarités ?
Que la cause de tout cela est un match de football !? Et puis les 22 acteurs de terrain, doit-on leur imposer en plus de l'angoisse de l'enjeu du match, celle de l'histoire de nos peuples, histoire qui, elle aussi, est otage des pouvoirs politiques successifs en Egypte comme en Algérie. La plus grande victoire de jeudi ne peut être que celle d'un retour à la raison des politiques égyptiens et qu'ils reconnaissent que dans une compétition sportive, il y a forcément un gagnant et un perdant. Et qu'il y aura bien d'autres occasions de rencontres sportives de tous genres, et que ce sera toujours ainsi. Que le meilleur gagne !
Synthèse de l'article - Equipe Algerie-Monde.com
D'aprés le Quotidien d'Oran. www.lequotidien-oran.com. Par le Bureau De Bruxelles du Quotidien d'Oran : M'hammedi Bouzina Med. Le 27 janvier 2010.