Soins médicaux en Algérie
En moins de 20 ans, la sécurité sociale a dépensé quelque 10 milliards de dinars représentant les coûts des soins à l’étranger.
Grâce à un programme de substitution (2006 - 2009), les pouvoirs publics entendent diminuer ces coûts et résorber la liste d’attente des malades.
Le ministre de la Santé, Amar Tou, et le ministre du Travail et de la Sécurité sociale, Tayeb Louh, ont présenté, hier, le bilan des transferts pour soins de malades à l’étranger et le programme de santé à concrétiser pour la prise en charge localement de ces malades.
Les transferts pour des soins à l’étranger seront réduits de 30% en 2007, de 20% en 2008 pour être définitivement arrêtés en 2009, «sauf exception».
2009 est la date butoir que se sont fixée les deux ministères à travers ce programme. L’exposé présenté par le professeur Bougherbal, membre de la Commission nationale des transferts de malades à l’étranger (CNT), fait état de plusieurs lacunes constituant un manque à gagner quand ce ne sont pas des pertes sèches pour la sécurité sociale en raison des coûts élevés et des prolongations de séjour à l’étranger dont les incidences financières sont négativement supportées par l’assureur.
Des maladies, signale-t-il, qui peuvent être traitées en Algérie moyennant un investissement en matériel technique et en ressources humaines. Le professeur indiquera que les causes de mortalité ne sont plus les mêmes qu’il y a quelques années.
Les maladies cardio-vasculaires et les maladies chroniques sont les premières causes de décès dès lors qu’on assiste à un vieillissement de la population.
Un constat qui, selon lui, devrait donner à réfléchir sur la question des priorités en fonction des tranches d’âge des malades nécessitant des soins à l’extérieur du pays.
Le coût de la prise en charge, qui, a-t-il rappelé, était de 350 francs français/jour jusqu’à la fin des années 1960, a grimpé pour se situer actuellement entre 800 et 1.200 euros/jour. D’où la nécessité de ce programme.
Selon le ministre du Travail, «le transfert à l’étranger sera une exception qui concernera certaines maladies qui n’ont pas de solution sur place».
Les critères déterminants seront, selon Tayeb Louh, le risque vital, la solution thérapeutique et l’absence de solution dans le pays. Autrement dit, on veut limiter drastiquement les transferts qui «n’apportent pas nécessairement les résultats espérés». Cependant, a précisé le ministre du Travail, l’urgence est donnée avant l’échéance 2009 aux enfants souffrant de maladies cardio-vasculaires.
1.000 enfants viennent chaque année s’ajouter au nombre de 3.500 malades souffrant de cardiopathie congénitale qui attendent leur tour pour des soins.
Une urgence, selon Louh qui a annoncé qu’une partie d’entre eux sera prise en charge par l’hôpital de Bou-Ismaïl, une autre sera prise en charge en les transférant à l’étranger, tandis qu’une troisième partie sera dirigée vers les cliniques privées nationales.
«La stratégie» préconisée dans le programme du ministère de la Santé et du ministère du Travail consiste à associer tous les intervenants de la santé, y compris le secteur privé.
La première nécessité est de doter les structures de santé de moyens matériels et humains. Au centre de ce programme, la formation des équipes médicales sera une condition contractuelle avec les hôpitaux étrangers. Le financement du programme semble être acquis.
Par Salah Eddine - Quotidien Oran
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