La quatrième réunion du Comité militaire en session des chefs d’état-major de la défense des pays de l’Otan avec ceux des pays du Dialogue méditerranéen à laquelle a pris part le Chef d’état-major de l’Armée nationale populaire (ANP), le général-major Ahmed Gaïd Salah, et qui s’est déroulée au quartier général de l’Otan, a permis de passer en revue l’agenda de l’Alliance (Afghanistan, Darfour, soutien à la mission de l’Union africaine au Darfour), la lutte antiterroriste, notamment l’opération Active Endeavour de surveillance et d’escorte en Méditerranée (contre les activités terroristes), tout en confirmant le rôle de l’Algérie dans les nouvelles reconfigurations sécuritaires de l’Alliance.
Selon le site web du Nato, le dialogue méditerranéen renforcé est destiné à renforcer la coopération pratique accrue par un renforcement de la dimension politique du dialogue, par un appui au processus de réforme de la défense, par une coopération dans le domaine de la sécurité des frontières, par la réalisation de l’interopérabilité et la contribution à la lutte contre le terrorisme, le tout venant en complément d’autres actions internationales.
Le dialogue méditerranéen de l’Otan comprend les membres de l’Otan et ses sept partenaires de la région méditerranéenne: Algérie, Egypte, Israël, Jordanie, Maroc, Mauritanie et Tunisie. Cependant, ce que tout le monde remarque, c’est l’extrême sollicitude dont est l’objet l’Algérie, et puis l’offensive manifeste de l’Otan en Méditerranée.
A ce sujet, il faut rappeler tout d’abord que l’Otan (Organisation du Traité de l’Atlantique Nord) est née de l’accord signé à Washington le 04 avril 1949. Le principe fondamental de cet accord, basé sur la liberté, la démocratie et le libre-échange économique, est la solidarité entre ses membres en cas d’agression extérieure.
L’objectif à l’origine du Traité était la défense de l’Europe, suite à la Seconde Guerre mondiale, qui avait été particulièrement meurtrière et qui s’est achevée en 1945. Mais très vite, l’Otan s’est transformée en adversaire résolu de l’ex-Urss. En effet, le 14 mai 1955 était signé le Pacte de Varsovie, qui regroupait l’ex-Urss et ses satellites.
Depuis cette dernière date, et jusqu’à la chute du Mur de Berlin en 1989, la «Guerre froide» a opposé les protagonistes de ces deux Alliances militaires majeures. Depuis la dissolution du Pacte de Varsovie, l’action de l’Otan s’est concentrée sur les Balkans: Adriatique, Bosnie-Herzégovine, Albanie, Kosovo, Macédoine.
L’objectif était de rétablir la paix dans cette région, dangereusement troublée après la dissolution de l’ex-Yougoslavie. L’Otan est également intervenue en Afghanistan pour étendre l’autorité du pouvoir central et faciliter la reconstitution du pays, et en Irak, pour apporter un soutien logistique à la force multinationale et participer à la formation des forces de sécurité irakiennes.
En ce qui concerne la Méditerranée, l’Otan a entamé dès 1994 le Dialogue méditerranéen avec 7 pays: Mauritanie, Maroc, Algérie, Tunisie, Egypte, Jordanie et Israël. Ce Dialogue a consisté en des consultations régulières tenues à Bruxelles au niveau des ambassadeurs ou des hauts fonctionnaires.
Mais ce n’est qu’après le 11 septembre 2001, que l’Otan s’est vraiment intéressée au sud de la Méditerranée. En effet, la sécurité et la stabilité de la région se sont vues menacées par le terrorisme international, notamment suite aux attentats terroristes commis en Algérie, au Maroc et en Espagne. Selon des spécialistes des stratégies de l’Otan, et afin de ne pas faire cavalier seul, et pour augmenter l’efficacité de ses opérations, l’Otan a décidé d’impliquer les pays sub-méditerranéens.
C’est ce qui explique la réunion du Conseil de l’Atlantique Nord à Rabat le 7 avril dernier. Le choix du Maroc est dû à sa position stratégique dans la région et à sa collaboration avec l’Otan dans le cadre des opérations de maintien de la paix en Bosnie-Herzégovine et au Kosovo. D’ailleurs, le Maroc a été déclaré «Allié majeur» de l’Otan, et confirme ainsi sa position privilégiée en Méditerranée.
La réunion du 07 avril à Rabat a donné les résultats suivants: l’accord de principe pour la participation du Maroc, de l’Algérie et d’Israël à l’opération «Action Endeavour», la création d’une cellule de partenariat pour une coopération plus étroite entre l’Otan et les pays sub-méditerranéens, et l’étude de la création d’un fonds pour favoriser le dialogue social.
Il y a quelques semaines, El Djeïch précisait dans un éditorial que «l’Algérie fonde sa politique de coopération sur l’unité et l’indivisibilité de la sécurité, une approche globale et équilibrée de la sécurité, le dialogue et la concertation pour favoriser le rapprochement entre les peuples et l’instauration de la paix et la stabilité régionale.»
En termes simples, l’Algérie entend bénéficier des grandes expériences mises à portée par l’Otan sans pour autant se démarquer de ses choix stratégiques et traditionnels, tels par exemple ses relations avec la Russie, ses voisins du Maghreb, son aide aux peuples en armes (Sahara occidental et Palestine, notamment) et sa place dans sa triple famille naturelle, arabe, musulmane et africaine.
Source Par Fayçal Oukaci 11 mai 2006
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