Algérie - Tlemcen : Cheb Anouar, la Tachfinya et tous les autres
C’est a priori en perspective de la prochaine visite de travail du président de la République dans la wilaya de Tlemcen que la ministre de la Culture, Khalida Toumi, effectuera aujourd’hui un déplacement à la cité des Zianides pour inspecter les réalisations et projets relevant de son secteur.
Il convient de signaler qu’il a été créé un Office national de gestion et d’exploitation des biens culturels protégés (ONGEBCP).
Au niveau local, c’est M. Réda Brixi, muséologue et conservateur du musée de Tlemcen, qui en est à la tête, en coordination avec la circonscription archéologique dépendante de la direction de la Culture et dirigée par M. Brahim Chenoufi, archéologue et conservateur du patrimoine. Selon le collègue de ce dernier, le Dr Bensenouci du département d’archéologie de l’UABT, la recherche scientifique devra être au service du patrimoine.
Nous n’omettrons pas de relever à ce titre la contribution intellectuelle du chercheur, le Pr Negadi Sidi Mohamed, une référence incontournable en la matière, ainsi que les actions de mécénat de Hadj Abdesslem Lachachi dans le domaine de l’édition patrimoniale. Dans ce cadre, la société civile n’est pas en reste dans ce domaine qui vient de voir la naissance de l’association des Amis du musée et du patrimoine matériel et immatériel de Tlemcen (AMPIT), présidée par M. Réda Brixi, qui vient de publier son premier bulletin culturel (n°00/mai 2008).
Parallèlement, active la société d’études et de recherches historiques dirigée par le tandem Omar Dib et Mohammed Souheïl Dib, une «émanation» de l’ancienne association d’Alfred Bel «Les amis du vieux Tlemcen, d’hier et aujourd’hui», publiant régulièrement ses actes (son dernier bulletin portant le n°31 est paru en juin 2008). A propos de publications sur la vie culturelle à Tlemcen «observée» par ses fils établis à l’étranger, en l’occurrence en France, citons «Le lien», une revue de l’association «Les Amis de Tlemcen» basée à Paris et présidée par M. Abdelmadjid Korti.
En matière d’ouvrages parus récemment, sous la plume d’écrivains du «bled», citons «L’un et le multiple» (M. S. Dib), «La vie culturelle à Tlemcen» (M. Negadi), «La bataille de Tlemcen» (S. A. Taleb B. et A. Tabet A.), «Pèlerinage à La Mecque en scooter» (R. Brixi), «Le Colonel Lotfi» (B. Bali), «Messali Hadj» (Kh. Merzouk), «Les Amis du livre» (O. Dib), «Le maghribi alias ad-daridja» (A. Elimam), «Anthologie du chant hawzi et aroubi» (N. Marouf), «Mille et un jours au Mechouar» (R. Mazari), «L’Algérie vue de l’intérieur» (S. A. Dendane), «Mémoires d’un enseignant de la vieille génération» (M. B. Djebbari), «Diwan Abi Mediène Chouaïb» (compilé par A. Lachachi), «La musique andalouse à Tlemcen» (M. Hadj Slimane), «Le passé prestigieux de Tlemcen» (O. Lachachi), «Tlemcen des saints et des savants» (R. Benblal), ainsi que «El Boustane» (Ibn Maryam, traduit par F. Pravenzal)...
Le paysage musical quant à lui est riche d’une dizaine d’associations musicales qui tentent vaille que vaille d’entretenir l’héritage andalou. Notons dans ce contexte la disparition du traditionnel Festival de la musique andalouse et sa «substitution» par le Festival national du hawzi dont la deuxième édition s’est déroulée en juin dernier. Relevons que les deux éditions furent «boudées» par la ministre de la Culture. Des ratés ont, par ailleurs, émaillé l’organisation de la dernière édition. En effet, annoncés en grandes pompes, quatre artistes furent déprogrammés.
Il s’agit de Cheikh Ghaffour, Nasreddine Chaouli, Bahidja Rahal et Cheb Anouar lequel vient de dénoncer, en marge des Nuits d’El Bahia, dans un quotidien arabophone du jeudi dernier sa «mise en quarantaine» qui s’apparenterait à une interdiction de scène «zianide» imposée par la direction de la Culture.
En sus, l’association Awtar Tilimsen fut dégommée et remplacée sans explication par Rym Hakiki, alors que son homologue Tarab El Acil, elle, n’aurait pas reçu d’invitation, à en croire son président. Concernant la «vie» des sites autrement dit leur exploitation à des fins culturelles et/ou de loisirs, il convient de souligner que le Grand Bassin dit Sahridj Bedda est devenu, à la faveur d’un lifting esthétique initié par la wilaya de Tlemcen, un théâtre de verdure féerique et un lieu de prédilection convivial pour les familles tlemcéniennes et les visiteurs étrangers, surtout en saison estivale, outre qu’il sert de cadre aux différentes manifestations culturelles (Festival du hawzi, Nuits andalouses de Tlemcen, semaines culturelles, soirées de Ramadhan...).
L’enceinte du Mechouar vient d’abriter la méga kheïma de la caravane nationale de la RASD ainsi qu’une fête de l’ASPEWIT comme elle «prête» son espace à la direction de la Culture, à la chambre des métiers, au conservatoire communal, au parc national (qui attend sa délocalisation à Lalla Setti), l’école de cuisine, un restaurant ainsi qu’à plusieurs associations. Deux monuments situés au sein de cette historique citadelle sont à l’abandon: la mosquée (désaffectée) El Madjacy et Bordj Es Saffarine (livrée aux SDF).
Cependant, il a été suggéré par M. Baghli Mohamed de restituer la vocation originelle du lieu de culte à la faveur du Mawlid Ennabaoui comme il a été proposé par l’AMPIT à l’APC d’«occuper» le Bordj en édifiant un musée municipal. Quant à Mansourah, c’est le désert de Gobi pour emprunter une expression d’un confrère local: ne devrait-on pas penser à «ressusciter» le prestigieux festival des années 70 «Son et lumière» en faisant appel aux spécialistes de la chose, à l’exemple de Zoubir Errafi’i, précurseur en la matière.
A noter qu’une grande salle des fêtes appelée «Palais de Mansourah» a été bâtie au niveau de ce site (terrain non edificandi).
Le musée domicilié actuellement dans l’ancienne medersa franco-musulmane abrite pour sa part annuellement les festivités du mois du Patrimoine comme il est sollicité pour d’autres manifestations (colloques sur les medersas par l’ECOLYMET et la Tachfinya par l’AMPIT). Le comité de la Tachfinya, issu du colloque organisé dernièrement, oeuvre pour la mémoire de cette prestigieuse medersa (université islamique inaugurée en 1320 mais détruite par l’armée française en 1876).
A ce titre, il a proposé à l’APC la pose d’une plaque commémorative (dont le texte est prêt) sur l’emplacement de la Medersa Tachfinya (ancienne mairie). Une réplique «originale» de la porte de la Tachfinya réalisée par l’artiste Bentalha orne le musée et une autre l’Office du tourisme (ex-SIT).
La mosquée de Sidi Bellahcène, un lieu de culte désaffecté, garde toujours sa «vocation» coloniale de musée, aujourd’hui d’appoint ainsi que d’espace d’exposition-vente de livres (maisons d’édition spécialisées dans la littérature islamique). S’agissant des émissions culturelles produites par la radio locale, nous pouvons citer «Le club des intellectuels», «Mélodies andalouses», «Tlemcen d’antan», «Promène-toi, ô moineau»...
Pour ce qui est des établissements à vocation culturelle, nous citerons la maison de la culture Abdelkader Alloula, le conservatoire municipal du Mechouar (qui espère une rebaptisation au nom de Cheikh Abdelkrim Dali), le centre culturel islamique (Fondation Lachachi), le centre culturel communal Rachid Baba Ahmed de Bab El Khemis (non fonctionnel encore à l’image de celui de Chetouane qui «végète») ainsi que la bibliothèque Dr Abdelmadjid Meziane et le centre culturel français.
La galerie d’art (ex-église St-Michel), déserte (au sens propre et figuré) sise à la place Kairouan pourrait bien servir de cyberespace (médiathèque). Justement, ce qui manque cruellement à Tlemcen (la métonymie est de mise dans ce cas), c’est un opéra, un théâtre, un club littéraire, un café littéraire et philosophique, un club de jeux d’échecs (le Guinessman Baghli est interpellé à ce titre), un musée national, un musée organologique, une cinémathèque (les cinémas Colisée, celui-là fut un certain temps une salle répertoire parallèlement au ciné-club du CCF, Rex et Lux tombent aujourd’hui en ruines), un complexe cinématographique...
Au fait, Khalida Toumi se rendra-t-elle cette fois-ci au chevet de la vieille médina qui agonise, recelant la mémoire des Oqbani, El Maqarri, Merzouq, Emir Abdelkader, Cheikha Tetma et même les souvenirs d’enfance de Abdelaziz Bouteflika, et où «rayonne» malgré tout la khalwa de Cheikh Senouci «ranimée» grâce à l’increvable Mohamed Baghli (chercheur en legs universel), jouxtant la mosquée de Sid El Yeddoun «couvée» par le sage et non moins érudit Cheikh Hadj Bensenane ? La sainte Lalla Setti El W’ssila (celle qu’on sollicite et qui donne), la fille, dit-on, du Qotb Abdelkader El Djilani, qui voit son «plateau» se garnir de projets de loisirs gigantesques (méga parc, tour d’observation «télescopique», téléférique) ne mériterait-elle pas une «ziara» spirituelle à l’instar de Sidi Boumédiène El M’Ghit, eu égard à sa baraka ?
La tour Al’Iz d’El Fhoul, le mausolée de la Qotbya sis à la station historique (mystique) de Aïn Taqbalet où Sidi Boumédiène rendit l’âme en 1197.
Pour rappel, la dernière visite à Tlemcen de la ministre de la Culture remonte au mois de janvier 2005 lorsqu’elle accompagna le directeur général de l’Unesco, M. Koïchiro Matsura, et son adjoint M. Mounir Bouchenaki, qui effectueront une visite d’inspection des sites et monuments de la ville de Tlemcen, ainsi que ceux de Nedroma avant de signer par ailleurs avec le recteur de l’université Aboubekr Belkaïd l’accord de création d’une chaire Unesco en culture populaire.
Synthèse de l'article - Equipe Algerie-Monde.com
D'après Le Quotidien d'Oran. Par Allal Bekkaï. Le 23 août 2008.
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