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Liban : Les soutiens embarrassants de Fouad Siniora

Amr Moussa et Fouad SinioraLiban - En débarquant mardi soir à Beyrouth, le secrétaire général de la Ligue arabe était bien conscient qu’il aurait à jouer les équilibristes. Entre le discours officiel selon lequel l’organisation panarabe veut aider le Liban à sortir de la crise et son appui indirect à Fouad Siniora, Amr Moussa est conscient que son rôle doit surtout se limiter à une impartialité difficile. Une impartialité dictée par la médiation qui devrait être menée entre les différents courants politiques du pays.

Et pour cela, l’ancien chef de la diplomatie égyptienne devra rencontrer tous les protagonistes de la crise. Il a déjà eu hier des entretiens jugés constructifs avec le Premier ministre Fouad Siniora et son adversaire politique Nabih Berri, président du Parlement. Mais le tête-à-tête le plus inattendu et surtout le plus intéressant aura été avec le nouvel homme fort du Liban. Dans un lieu tenu secret, Hassan Nasrallah a rencontré un Amr Moussa venu initialement apporter son soutien aux autorités libanaises. Rien n’a filtré sur ces pourparlers, mais c’est déjà une victoire pour le secrétaire général du Hezbollah d’avoir réussi à constituer une étape dans le programme de Moussa.

La démonstration de force face à l’armada israélienne et les dernières manifestations monstres organisées dans Beyrouth ont forgé une aura certaine au mouvement chiite et à son chef. L’ancien ministre égyptien des Affaires étrangères ne pouvait passer à côté de cela. Mais que pourra faire Amr Moussa pour aider les frères ennemis à s’entendre sur un véritable projet national ? Lui-même ne le sait peut-être pas encore. Il devra pour cela étendre le cercle de ses consultations aux autres acteurs politiques du pays. Saad Eddine El Hariri, Walid Joumblatt, Samir Geagea, Michel Aoun et Souleyman Frangié auront certainement beaucoup de choses à dire à l’émissaire arabe. Pendant que les partisans du Hezbollah et du Courant patriotique libre continuent à occuper les rues de la capitale, les Nations unies, quant à elles, ne donnent pas de répit à leur appui au gouvernement de Beyrouth.

Réuni en session spéciale mardi soir, le Conseil de sécurité a, une nouvelle fois, apporté un soutien sans réserve au cabinet libanais et à son chef. «Le Conseil exprime à nouveau son appui sans réserve au gouvernement légitime et démocratiquement élu du Liban, demande que les institutions démocratiques du pays soient pleinement respectées, conformément à la Constitution, et condamne toute action visant à déstabiliser ce pays», pouvait-on lire dans une déclaration du Conseil. Le communiqué poursuit : «Le Conseil engage tous les partis politiques libanais à se montrer responsables afin de prévenir, par le dialogue, une nouvelle détérioration de la situation au Liban […] et réaffirme son ferme attachement à la souveraineté, l’intégrité territoriale, l’unité et l’indépendance politique du Liban à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues et sous la seule et exclusive autorité du gouvernement libanais.»

Sans doute indispensable pour soutenir un gouvernement décrié par l’opposition, cette déclaration solennelle risque toutefois d’accroître les tensions inter-libanaises. Une raison de plus pour le Hezbollah et ses alliés d’accuser l’équipe de Fouad Siniora d’être le relais de l’Occident en général et des Etats-Unis en particulier. La France, quant à elle, détient comme à l’accoutumée une part de responsabilité dans cette résolution non contraignante. Paris avait, en effet, proposé ce texte à ses pairs du Conseil de sécurité qui l’ont tout de suite accepté. Loin des élucubrations et de l’ingérence occidentales, c’est en Russie que Beyrouth cherche de nouveaux soutiens. Fouad Siniora devrait se rendre aujourd’hui à Moscou à l’invitation de son homologue Mikhail Fradkov et du président Vladimir Poutine. Une occasion inespérée pour la Russie de pouvoir ravir aux Etats-Unis le rôle de puissance incontournable au Moyen-Orient. Le vent de la guerre froide souffle un peu trop fort sur le Liban.

Par Mohamed Khaled Drareni - La Tribune, le 14 décembre 2006.

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