Liban : Fouad Siniora accuse Nasrallah de préparer un coup d’état
Liban - En ces temps d’adversité pour le Liban, le mouvement de Hassan Nasrallah ne se donne plus de limites pour atteindre ses objectifs. Le triomphe inattendu et précieux que le Parti de Dieu a arraché face à l’armada israélienne se retourne subitement et de façon brutale contre le gouvernement libanais et contre la majorité qui continue à le soutenir à la Chambre des représentants.
Présidé par Nabih Berri, chef du mouvement El Amel et allié au Hezbollah, le Parlement libanais est devenu au fil des semaines le théâtre des luttes politiques entre les différents courants du pays du Cèdre. Ce qui n’a en rien empêché le Courant du futur, dirigé par Saad Eddine Al Hariri, de monter au créneau et de défendre à bras-le-corps ses convictions.
Depuis que Hassan Nasrallah a ordonné, le 1er décembre, à ses sympathisants d’encercler le siège du gouvernement en signe de protestation, le Premier ministre, Fouad Siniora, ne cesse d’accuser le chef chiite de vouloir absolument renverser son gouvernement.
C’est là que les accusations mutuelles fusent entre les deux protagonistes de la tension libanaise.
Bien qu’appartenant à des blocs politiques radicalement différents, les deux s’accusent de favoriser la tutelle étrangère sur le pays. Et au bout du compte, ils n’ont pas tout à fait tort.
Au moment où l’influence syrienne et surtout iranienne s’avère incontestable au sein même du Hezbollah, celle de l’Occident est plus que palpable sur le gouvernement libanais et les alliances qui le composent.
Affaibli depuis que la démonstration de force du mouvement chiite a pris une tout autre ampleur, Fouad Siniora contre-attaque, et ne prend pas de gants pour accabler Hassan Nasrallah.
«Son discours montre qu’il essaye de planifier un coup d’Etat ou, du moins, qu’il menace de mener un coup d’Etat», a affirmé hier le chef du gouvernement libanais, avant de poursuivre : «Le Liban est un pays de consensus […] il ne fonctionne pas par les menaces.» Ayant décidé depuis longtemps de choisir le camp de la légalité, le partisan des Forces du 14 mars tient ainsi à affaiblir ses adversaires, sans y réussir pour autant.
Résolus à faire tomber le gouvernement, les manifestants se relayent sur la grande esplanade du centre-ville, généralement entre membres du Hezbollah ou de ses alliés du Courant patriotique national. Parti politique à la grande aura, ce courant est dirigé par Michel Aoun, nouveau et inattendu allié de Hassan Nasrallah. Lui aussi campe sur ses positions, et appelle de ses propres vœux Fouad Siniora et tous les ministres à démissionner.
Le poste de président de la République en ligne de mire, l’ancien chef de l’armée libanaise ne cache pas à l’opinion publique son changement de camp aussi brutal. Hier ennemi juré de la Syrie, le général Aoun devient aujourd’hui un de ses plus grands soutiens grâce au pacte qu’il a conclu avec le Parti de Dieu. La grande question que se posent actuellement tous les Libanais est la tournure que vont prendre les événements. Particulièrement en ce dimanche, où une nouvelle manifestation a été convoquée par un Nasrallah qu’enivrent les foules immenses.
Scrutant de loin les bouleversements que vit actuellement le Liban, les Etats-Unis ont apporté hier de nouveau leur appui au pouvoir de Beyrouth.
Un appui dont peuvent bien se passer les formations politiques déjà accusées d’être les relais de l’Amérique. Une accusation qui risque d’accroître les tensions inter-libanaises. C’est peut-être cela que recherchent les Américains.
Par Mohamed Khaled Drareni - La Tribune, le 10 décembre 2006.
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