Crédit Populaire d'Algérie, capital public mis en compétition
Algérie - Entre autres banques intéressées par la privatisation du Crédit populaire d’Algérie (CPA), BNP Paribas, Société générale, Natexis Banque, le Crédit lyonnais, le Crédit agricole Indosuez, le Crédit industriel et commercial (CIC), HSBC.
C’est dire l’intérêt que portent les banques internationales à cette opération de privatisation présentée par l’administration financière comme importante. Ces institutions financières ont eu au cours de ces dernières années des contacts directs avec les responsables du CPA.
Finalité, avoir une idée globale sur le projet en question, sur la première opération de privatisation dans le secteur bancaire, et surtout sur une bonne affaire. Le Crédit populaire d’Algérie, ce sont plus de cent vingt-cinq agences, deux mille cinq cents employés. Le CPA, c’est aussi douze pour cent du marché bancaire algérien.
C’est également une banque assainie qui réalise des gains financiers conséquents. Elle s’est engagée depuis quelques années dans le financement des activités des professions libérales. Son capital social a été augmenté en 2005 à 21,6 milliards de DA.
Pour tout dire, le CPA est considéré comme la banque disposant des meilleurs atouts. Est-ce suffisant pour mieux se vendre ? Les soumissionnaires ne sont jamais intéressés par des banques dont les créances sont non performantes. Ce n’est pas productif. Aussi, faut-il commencer par privatiser les meilleures d’entre elles, parvenir à attirer des capitaux et de nouveaux produits bancaires, notent les experts.
Il est normal que les institutions financières internationales ne s’intéressent qu’aux privatisables porteurs et qu’au contrôle de la majorité des actions à vendre. La participation au capital du CPA est fixée à 51% au minimum. L’Etat en perdra ainsi le contrôle ; il n’en sera pas l’actionnaire majoritaire comme il l’est aujourd’hui. Il ne détiendra que quarante-neuf pour cent des actions d’un CPA passé sous contrôle d’opérateurs étrangers. Si elle réussit, la privatisation du CPA constituera un bon signal en direction des investisseurs étrangers encore frileux dans les secteurs hors hydrocarbures. Elle fera peut-être des émules. Et, les autres banques publiques ?
Pour l’instant, le gouvernement préfère un contrat de management pour la BEA (Banque extérieure d’Algérie) et la BNA (Banque nationale d’Algérie) à leur privatisation. La BEA compte dans son portefeuille la compagnie nationale des hydrocarbures, Sonatrach. La BNA réunit, elle, le gros des entreprises publiques dont une partie est confrontée à des difficultés de trésorerie.
C’est un choix que le ministre des Participations et de la Promotion des investissements a évoqué récemment dans une conférence-débat à Alger non sans rappeler par la même occasion le processus de privatisation du Crédit populaire qu’il estime «bien engagé». Une banque d’affaires, Rothschild, y travaille.
C’est elle qui va s’occuper des procédures d’audit, d’évaluation. Et, c’est elle qui va défricher le terrain pour l’élaboration des cahiers des charges et le lancement de l’appel d’offres, a-t-il encore souligné. La deuxième banque concernée par la privatisation, la BDL (Banque de développement local).
Celle-ci, une institution financière à portefeuille hétéroclite (moitié privé, moitié public), a été engagée, elle aussi dans un processus similaire à celui du CPA. Sauf qu’il en est encore au stade de balbutiements. L’Etat, maintenant qu’il s’y est décidé, a fait passer le capital public d’une logique dogmatique à une logique de marché : il l’a mis en compétition.
Cela veut-il dire, pour autant, que l’on est dans une situation concurrentielle ? L’on sait qu’aujourd’hui, le plus gros du marché financier est porté par le secteur public. N’est-ce pas un paradoxe dans un pays à économie libérale qui a ouvert son secteur bancaire à la concurrence en 1990.
Privées et publiques, les banques évoluent dans un environnement économique marqué par des sur-liquidités, par des taux d’intérêts relativement bas en comparaison à des périodes antérieures et enfin par un niveau économique en amélioration en valeur absolue. Même si le taux de bancarisation de l’économie du pays reste faible.
Et, les assurances ? C’est un segment important dans le secteur financier tenu à l’écart pendant des années, avant son ouverture, lui aussi à la compétition. Même dans une logique de concurrence, les choses n’avancent cependant pas comme le veulent les assureurs.
En langage des chiffres, le secteur des assurances, n’accumule que 1 106 dinars jour et par personne, soit 3 à 5 fois moins que les pays comparables alors que la collecte de l’épargne, rôle des assurances, reste pour sa part marginale.
Le patrimoine et les richesses notamment, sont en augmentation alors que les assurances restent en deçà des objectifs de préservation de cette richesse, estime le ministre des Finances, dans une de ses déclarations.
C’est un constat générique, à vrai dire, quand on évoque les réformes des secteurs économiques, mises en route, il y a une quinzaine d’années. Présentée comme devanture de toute économie, le marché financier illustre mieux ce qui ne va pas.
Par Youcef Salami - La Tribune
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