Algérie : Le baril de pétrole à 25 dollars, c’est possible

Algérie - Le baril de pétrole à vingt-cinq dollars ? C’est possible. C’est une hypothèse que Christof Ruehl, économiste en chef du groupe pétrolier BP et spécialiste des questions énergétiques, a développée dans une conférence-débat intitulée le «baril à 25 dollars» qu’il a animée dans la soirée de mercredi dernier à l’hôtel El Aurassi à l’invitation de MDI, avec le soutien de BP.

Christof Ruehl estime que si rien ne change, les prix du pétrole vont continuer à augmenter et qu’il y a suffisamment de pétrole sur le marché.

Par prudence, l’économiste en chef à BP, dans l’exposé qu’il a fait devant une assistance composée de chefs d’entreprise et d’économistes, s’est gardé de répondre par l’affirmative à toutes les questions qu’il s’est posées au sujet des fondamentaux, et c’est normal.

Quatre questions centrales revenaient dans l’analyse de l’invité de MDI : les capacités de production vont-elles se maintenir ? Et pour combien de temps ? Est-ce que la croissance économique mondiale va se poursuivre ?

Et, enfin, les facteurs géopolitiques vont-ils changer ? Christof Ruehl recommande de la souplesse dans la restauration de la production en allusion à l’OPEP, une organisation qui déclare produire à plein régime.

L’Organisation des pays exportateurs de pétrole est-elle la seule à influer sur les cours de pétrole, à les faire baisser ? A cette question, l’orateur répond par la négative, affirmant que celle-ci ne va pas se comporter de la même manière que les années antérieures. Evoluant dans un marché global, les prix du pétrole ont connu ces dernières années une physionomie jamais constatée : c’est la première fois que l’on paie plus cher des livraisons pétrolières à fournir dans six ou dix mois.

C’est le marché qui en a décidé ainsi, note-t-il. C’est également la première fois qu’il y ait eu, en 2005, une combinaison entre la croissance et la consommation d’énergie, ajoute-t-il.

Et de souligner que, sur la période, la demande pétrolière n’a pas été cependant affectée par les prix de l’énergie. Elle ne l’a pas été, parce que des événements particuliers (typhons aux Etats-Unis et croissance chinoise) se sont produits. En 2004, ce sont les prix du gaz qui avaient beaucoup augmenté. La même tendance à la hausse a été enregistrée en 2005 : en décembre 2005, ils avaient connu un relèvement de vingt-cinq pour cent.

Les courbes ascendantes des cours du pétrole ont commencé en 2003 et ont atteint des pics en 2005 et 2006, résume l’invité de MDI. Mais en termes réels, le prix d’aujourd’hui n’est pas celui de 1970, fait-il remarquer. Dans un autre registre, Christof Ruehl a souligné que, en réponse à une question en rapport avec l’idée d’une OPEP du gaz, cela dépend du développement du marché gazier et des relations bilatérales.

Le conférencier estime néanmoins qu’il est difficile d’établir des stratégies bilatérales et qu’un cartel du gaz serait inefficace, les investissements dans ce domaine étant lourds. Christof Ruehl, avant de rejoindre BP en mai 2005, avait servi en tant qu’économiste en chef à la Banque mondiale en Russie et ensuite au Brésil.

Entre 1996 et 1998, il a travaillé au sein du bureau des études économiques de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement basé à Londres. Auparavant, il avait consacré plusieurs années à la recherche dans des universités allemandes. L’invité de MDI a été sollicité en tant que professeur par un certain nombre d’universités nord-américaines.

Par Youcef Salami - La Tribune